Baptême de Flore de Lendelin [Terminé]

Le diacre était heureux aujourd'hui, Azzera et les enfants, avaient décidé d'assister à la cérémonie. Je dis les enfants car depuis peu, la petite Margaut de Roanne était à la charge des Trévière. On ne peut pas dire que la tache était simple. Un enfant seul fait des bêtises à ses temps perdus, mais deux … Je vous laisse imaginer. Mais malgré tout, ils vivaient des jours heureux.

Gil laissa Azz, s'occuper de la compagnie, une fois n'est pas coutume dit on. Lui il était déjà dans son baptême.
Arrivé à l'église il se dirigea directement vers la sacristie, pour les derniers préparatifs.Enfiler sa tenue lui prit le plus de temps.



Ceci fait, il lui fallait sonner les cloches afin de prévenir les paroissiens de l'imminence de la cérémonie et retrouver Flore sur le parvis.



(((( DIIIING DONG DIIIIING DONG!!! ))))


Il prenait toujours un certain plaisir à cette activité, surement son coté enfant qui n'avait pas complètement disparu. Mais bon tout bonne chose on un fin... Allez zou!!! Sur le parvis.

Le diacre rejoignit son épouse et sa cousine...



Le bonjour te vas Flore. Il sourit. En règle générale, il me faut rassurer les futurs baptisés … Je vois que tu n'en a pas besoin.

En famille, en famille... et sages en plus... Pfff...

Les mariages, les noblissements, les baptêmes, toussa... bin, c'est comme les friandises... faut pas en nabuser, sans quoi, on est malade !...

Depuis son retour à Mimizan, Maman nous trimballait de cérémonie en cérémonie... Bon... d'accord mon Diacre de Papounet en éta it aussi, mais pour d'autres raisons plus... professionnelles dirons-nous, mais moi...
A sept ans, on a bien plus envie d'étudier ou de parfaire mes techniques de combat que d'user le fond de mes braies sur des sièges plus durs que le dos de Zébulon et moins chauds aussi, desquels on ne pouvait se lever qu'au rythme de la messe.
Ajoutez à cela qu'il fallait se taire ou se contenter de marmonner un crédo ou une profession de foi et vous pouvez imaginer l'ampleur de la catastrophe que représentaient les paroles de Maman lorsqu'elle nous annonça que nous allions assister au baptême de sa cousine Flore !

De ces cérémonies, je ne retenais que deux choses le profond ennui qu'elle généraient et la vue de ces pimbêches en atours du dimanches se pavanant comme des grues en période des amours. Caquetant de-ci, de-là... "Oh... ma chérie, tu es ravissante... cette robe te va... mmmm... c'est divin..." ou encore : " Oh ?... tu as changé de coiffure... Par le Très Haut ( bin wi, faut pas l'oublier dans ces circonstances), ma chérie, ça te donne dix ans de moins ! " Ce qui, systématiquement, dans le meilleur des cas, ravale la "chérie" en question au rang de fillette à peine pubère.

Les Messires quant à eux se pavanaient comme de jeunes (ou vieux) coqs au milieu de ce poulailler, moins loquaces, ils n'en étaient pas moins discrets... fatuité et niaiserie se donnaient souvent rendez-vous dans ces cérémonies, au demeurant fort importantes dans la vie de notre société. Le baptême n'est pas chose à prendre à la légère... et une église n'est pas une boutique de modiste.

J'avais encore aussi, le cuisant souvenir d'une cérémonie en cette même église où, il y a peu, lors d'une cérémonie commémorative donnée en l'honneur de feu Messire Scherck, je fis une entrée fracassante sur le dos d'un Zébulon ferraillant pour nous éviter de nous emplafonner sur l'autel, sous le regard stupéfait et indigné d'une assemblée de fidèles en proie à une hallucination collective frisant l'Hérésie.

C'est donc avec des pieds de plombs que je me préparai à subir ce calvaire... Le seul baume sur mes plaies fut que ma Princesse allait nous accompagner. Le séjour forcé des Roanne se prolongeait et du coup, notre famille s'agrandissait, rendant les journées et les soirées plus vivantes, plus animées et conviviales aussi.

Margaut et moi nous rapprochions de jour en jour. Cette complicité innée se transformait en une osmose délicate faite de regards, de sourires et de paroles anodines souvent, mais qui masquaient mal des sentiments bien plus profonds, même si n'arrivions pas encore à en déterminer l'exacte nature.
Je crois que c'est à cette époque que l'amour...'fin, celui du coeur, s'étala au grand jour, sans que nous en prissions réellement conscience tellement nous étions proches. Vivant comme frère et soeur sous le même toit, partageant la même chambre et parfois, à l'insu de nos parents le même lit... En tout bien tout honneur n'est ce pas !...
Bah... que voulez vous... en automne, les nuits sont fraîches en bordure d'Océan et certaines nuits, Margaut venait se glisser sous mon édredon, réchauffant ses petons aux miens... Nous nous endormions alors dans les bras l'un de l'autre, chastement mais avec un vif émoi à l'âme. Le plus souvent, nous bavardions jusqu'à ce que le sommeil nous emporte... nous révélant nos pensées mutuelles, nous confiant l'un à l'autre...
C'est dire les secrets que nous partagions ce qui renforçait encore cette complicité.

Sans chichis, et sans se concerter, nous nous étions habillés simplement... braies, chemise et bottes pour ma part et Margaut avait revêtu une jolie robe verte toute simple qui faisait ressortir à merveille son teint clair contrastant avec ses cheveux noirs... bien tirés.
Ma Princesse était... mmmm... merveilleuse !

C'est donc très fièrement et main dans la main que nous nous présentâmes devant Maman afin qu'elle puisse juger de la correction de notre tenue. et lorsque la phrase fatale tomba :

- Eamon, Margaut ?... Vous serez sages, n'est-ce pas ?

Nous n'eûmes pas besoin de nous regarder Margaut et moi pour balancer un immense sourire à Maman, lui disant, presque en choeur :

- Bien sur M'man !... ponctué d'un hénaurme sourire... 'savez, celui qui donne un air angélique aux démons....

Dans le même temps, nos mains se serraient en une étreinte complice signifiant un truc du genre : "Comptes là-dessus... tu nous connais pas encore"

C'est donc en pouffant et en sautillant que nous accompagnâmes maman à l'église de Mimizan.

Un dernier :

- Sages, hein ! dans lequel sourdait une pointe d'inquiétude avant de gravir les marches du parvis et nous retrouver face à la future baptisée.

- Flore, nous te souhaitons le bon jour !...

Bravo Mère... comme si on allait lui souhaiter une journée de chien ... Je tournai la tête légèrement vers Margaut qui, très habilement retenait en me regardant, elle aussi du coin de l'oeil, un sourire impertinent... il ne m'en fallut guère plus pour pouffer discrètement...

Le "bon jour" commençait...

azzera a écrit:
Flore, nous te souhaitons le bon jour.

Rend le salut à sa cousine.
Bonjour Azzera, comment vas tu ? Mes obligations au duché m'ont éloignée de Mimizan. Cela fait un bail que nous n'avons plus eu l'occasion de nous croiser et je le déplore.
Se penche vers les enfants.
Bonjour Eamon et ... Margaut c'est bien ça ? Mais dites-moi, vous êtes de toutes les cérémonies ! Cela te dirait, Eamon, de faire comme ton papa ?
La lueur pétillante dans le regard du garçon confirme l'impression de Flore.

Gil s'approche.

Gil21 a écrit:Le bonjour te vas Flore. En règle générale, il me faut rassurer les futurs baptisés … Je vois que tu n'en a pas besoin.

Bonjour Gil.
Sourit
Il est vrai que je suis détendue. Cela me fait vraiment du bien de m'éloigner des urgences du conseil je crois.

Farwen a écrit:Flore!

A juste le temps d'amortir le choc, incapable d'en placer une.

Farwen a écrit:Oh bon sang ça fait si longtemps!
Je suis si contente de te voir!
Comment tu vas?
Quest ce que tu deviens?
Tu as des nouvelles des autres?
Vont ils venir?
Est ce que Samuel....

Euh ben ... oui ... Beaucoup de changements ... Mieux ... Samuel va bien ... articule-t-elle tant bien que mal.

Farwen a écrit:Non, oublie toutes ces questions, j'ai quelqu'un à te présenter.
Tu ne devines pas?

Flore pense à un époux, non un fiancé car elle aurait été informée d'un mariage certainement.

Farwen a écrit:Flore, ma belle poutreuse et future filleule, je te présente mon fils, ton "cousin" en fait, Alex.

Ton fils ? Souvenirs de Provence. Mais le père ... n'est-ce pas ... Ne termine pas sa phrase et répond au bonjour de Doch, se demandant si ses soupçons sont fondés.

Il y a des jours où on ne peut pas faire ce que l'on veut. C'est d'autant plus vrai lorsque l'on est encore une enfant et que les adultes vous dirigent comme des marionnettes. Pourtant Margaut était tout à fait capable de se débrouiller toute seule, fin seule c'est un bien grand mot, parce qu'elle était la majeure partie du temps seule à deux avec Eamon. Toujours est-il qu'elle avait envie de faire plein de chose ce jour là, comme aller promener au bord de la plage, jouer avec les cochons d'Eamon, partir au marché chercher du pain pour le déjeuner. A entendre son quotidien on aurait vraiment pu croire qu'elle était une petite paysanne et pourtant ce n'était pas le cas. Margaut était une petite princesse, une de celle qui vous rend parfois voir souvent fou mais dont vous ne pouvez vous passer. Elle avait appris à amadouer les adultes avec un malin plaisir il faut le dire, et elle faisait très souvent passer des vessies pour des lanternes. Il faut dire qu'elle avait un professeur hors pairs, son prince, qui ne manquait jamais une occasion d'inaugurer de nouvelle bêtise, avec toujours cette naiveté si attachante d'un enfant de son âge.
C'est donc contrainte et forcé qu'elle avait suivit la famille Trévière à un baptême. Elle ne savait exactement de qui il s'agissait et comme bien souvent elle se sentait comme une étrangère livré à elle même dans un monde quelle ne connaissait pas. Que Roanne et la douceur de son lit douillet était loin. Que Roanne et les bons petits plats de la cuisinière était loin. Que ses parents lui manquait.
Eamon en bon prince lui avait tendu une main salvatrice et Margaut ne c'était pas fait prier pour la prendre. Ils étaient unis déjà si jeune et ceux pour la vie ils le savaient même si aucun adultes ni croyaient.

Plongée dans ses pensées elle n'avait pas conscience du monde qui l'entourait tout du moins jusqu'à ce qu'une dame lui adresse la parole.

Vi, jsuis Margaut. C'est votre batême ?

Elle n'eut guerre le temps de poser ses autres questions qu'une dame arrive et s'empare de la future baptisé sous le regard effaré de Margaut. On lui avait pourtant bien appris que ce n'était pas beau de couper la parole et pourtant un adulte venait de le faire sans même s'en soucier. Margaut soupire et regarde Eamon.

Ta vu n'Imon, les adultes y font touzours ce qu'il faut po faire.

- T'as vi n'Imon, les adultes, y font touzours ce qu'il faut po faire...

Retour à la réalité du moment... En effet... on nous apprend la politesse et voilà... tout se passe comme si les petites personnes n'avaient pas voix au chapitre... Soyez sages et tenez-vous tranquilles !... Leitmotiv trop souvent entendu dans ce genre de circonstance.

Certes, nous avions beaucoup de liberté par rapport à ce que vivront les enfants de notre âge dans les siècles à venir... mais nous... on pouvait pas le savoir... Les boules de cristal, c'est pas pour tout de suite. Du coup, la moindre contrainte prenait l'allure d'un calvaire.

Un regard, une légère crispation de nos menottes soudées et hop... Margaut et Imon prennent la tangente , échappant furtivement à la surveillance d'une mère trop occupée à assurer le protocole... Papounet lui... il préparait SON baptême, se donnant sans doute un peu de courage en compagnie de sa bouteille de vin de messe favorite.

Je n'avais rien perdu de l'arrivée des invités et, toujours à l'affût d'un coup pendable à faire, j'avais déjà repéré des "victimes" potentielles.

Bon... n'allez pas croire que le futur chevalier de la Licorne que j'étais alors était un voyou !... Non... juste un peu farceur et toujours prêt à se gausser des fâcheux, des cuistres et des fats.
Je n'arrivais pas à prendre au sérieux les gens qui se prennent au sérieux... Papounet m'avait inculqué l'humilité et même si j'étais ambitieux, je ne l'étais que pour une seule raison : Je voulais être la fierté de mes parents et de ma Princesse.

Oui, bon... je voulais aussi en découdre avec l'anglois et les ennemis de notre Roy avec la protection d'Aristote, mais bon... Quelques siècles plus tard, les enfants s'identifieraient à des héros bien plus charismatiques qu'un chevalier en armure. Mais en cet an de grasce mil quatre cent cinquante huit, le futur Chevalier Eamon de Trévière était encore un petit chenapan !


J'entraînai donc Margaut discrètement mais vivement, profitant de l'inattention passagère de Mère et nous nous glissâmes dans l'église, non loin du porche, d'un endroit où nous pouvions voir sans être vus.

Caramel manquait à l'appel et Papounet avait enfermé Zébulon dans son écurie avec consigne de ne pas l'en sortir avant la fin du baptême... Je vois vraiment pas pourquoi...
On ne pouvait donc pas compter sur eux pour une bêtise. Un moment, toutefois, j'eus une envie folle d'aller délivrer mon vieux Zeb pour l'inviter au baptême... mais nous n'aurions pas eu le temps de revenir avant le début de la cérémonie.. ce qui eut immanquablement attiré l'attention sur nous.

Je rassurai enfin ma Princesse :

- Vi Magaut... les zadultes... y disent des choses, pis y font le contraire de quoi y z'ont dit...

Je lui désignai la masse des invités qui, peu à peu envahissaient le parvis avant de pénétrer dans l'édifice et lui expliquai ma philosophie... (bin quoi ?... même rudimentaire, voire simpliste, à 7 ans on a sa philosophie) .

- Tu vois Magaut, presque tous les zadultes là... bin, y viennent pas pour Flore... y viennent zuste pour montrer leur beau costume...

C'est alors que mon regard tomba sur un jeune homme... à peine sorti de l'enfance me sembla-t-il, il arborait un sourire suffisant et semblait toiser les personnes présentes comme un monarque toise un gueux du haut d'un trône de suffisance et de dédain...
Il se pavanait aux côtés d'une Dame de belle mise et fort jolie au demeurant qui semblait le couver, béate d'admiration devant lui... sa Mère ?... Une Tante ?... Je l'ignorais. Hormis Flore, nous n'avions été présentés à personne... et pour cause... on était plus là... hihihi...

Une autre silhouette encapuchonnée de cramoisi attira mon regard... Elle s'engouffra dans l'église plus que discrètement sans saluer personne, ce que je trouvai d'une extrême inconvenance et vint s'installer non loin de nous sans même nous accorder un regard... nous avait-elle seulement vus ?

Visiblement certaines personnes n'étaient ici que par obligation ou pour parader...

Immédiatement, une sensation d'excitation me monta au creux des reins... comme un guerrier prêt à passer à l'action.

- Margaut... regarde... tu le vois je jeune Messire là ?... Et la Dauna en rouge qui vient d'entrer ?... Lui... on dirait un p'tit coq et la dauna, une vieille poule rabat-joie... Ze trouve qu'ils ont l'air de s'ennuyer... tu veux on les amuse un peu ?

La réponse de Farwen ne laisse place à aucun doute.
Hum se contente de répondre la cadette des Lendelin, subitement assaillie par le rejeton d'humeur exploratrice. Sa future marraine récupère le petit Alexandre tant bien que mal, la suite confirmant à Flore que les bambins sont bien plus aisément gérables lorsqu'ils marchent. Son regard se pose alors sur Azzera. Elle a l'air tracassée. Tiens oui, où sont Eamon et Margaut ? Finalement, même mobiles, les enfants constituent un élément perturbateur certain. Ce n'est pas Istanga qui la contredira se dit Flore amusée en voyant son aînée les rejoindre. Darius, comme à son habitude, toise l'assemblé de son oeil scrutateur. Souvent, la brunette se demande ce qu'il pense.
Passage furtif d'une silhouette encapuchonnée. Une dame. Flore parierait que c'est sa cousine Kassie. La personne s'installe, souhaitant certainement éviter les mondanités habituelles. Elle ira la voir un peu plus tard.
Farwen, je te présente ma soeur. Istanga et son fils, Darius. Je ne sais si vous aviez fait connaissance en Provence.
A sa soeur : Istanga, Farwen sera ma marraine. Quant au parrain, j'ai choisi notre cousin Natale. J'ai vu au loin un carrosse portant ses armoiries. Il ne devrait plus tarder.
Un autre visage connu lui apparaît, le fiancé de Silanie. Sa cousine de Savoie ne doit donc pas être fort loin.
Flore est rassurée de voir que personne ne se soit perdu.

Popolopompom - on parle du loup ? il arrive au grand galop !

- Bien le bonjorn Donà,
dit-il en passant devant Doch.
Il s'en alla alors saluer toute la famille occitane, qui de Gascogne, qui de Guyenne, qui d'Armagnac, qui d'ici et d'ailleurs, d'ailleurs !
- Alors ma filleule comment te portes-tu depuis tout ce temps ?
Il abaisse légèrement le chef pour saluer tout ce monde et plus particulièrement la Montalbannaise revue il y a peu et avec grand plaisir qui plus est.