Entretien privé avec un... égaré ?

Cmyrille avait reçu une lettre lui enjoignant de se rendre à Bordeaux, visiter les bureaux de l'archidiocèse, contre l'abandon d'une procédure qui nuirait à l'image des deux parties sans doute. Il fit donc le déplacement.
Arrivé sur le parvis, il trouva quelqu'un pour le mener auprès de griffes. A peine entré, il aperçut celui-ci, adossé à un mur. En guise de confirmation, la personne qui l'accompagnait lui désigna du doigt la direction. Il s'avança donc et Salua son interlocuteur.

Bonjour Sieur,

Content de vous revoir si vite. Comment allez vous? Pas trop dur votre voyage?

Le voyant arriver,


Bonjour Messire Cmyrille,
Heureux de pouvoir vous accueillir ici, permettez que je vous invite à entrer ici, ce bureau est modeste mais il nous permettra de mieux nous connaitre. Mon voyage, oui, parfaitement... je regrette de devoir quitter si vite Angoulême... mais Sarlat me manque aussi...
Je vous en prie, entrez et prenez place !

Bien...
Je désirais vous parler. Votre intervention à fait grand bruit, tant dans le Comté qu'à ROME. De cette "histoire", je garde l'intime convinction que nous sortirons tous grandis et si je vous ai invité, c'est pour que nous parlions à "batons rompus".

Dans mon esprit, vous êtes un homme courageux et droit. Vous êtes aussi un homme qui n'avez pas eu d'enseignement religieux.

Suis-je dans l'erreur ?

Dit-il en versant de l'eau dans les deux verres.

Dans mon esprit, vous êtes un homme courageux et droit. Vous êtes aussi un homme qui n'avez pas eu d'enseignement religieux.

Suis-je dans l'erreur ?


Et il lui versa un verre ce disant. Cmyrille en était ainsi à sa première déception. Et pourtant il n'était là que depuis quelques minutes... Mais il fit montre de bonne volonté et remercia Griffes d'un signe de la tête.

Et bien en effet, vous ne vous trompez pas. Je n'ai jamais reçu d'enseignement. Car certains de vos collègues s'y sont opposés d'ailleurs lorsque j'ai voulu faire montre d'intérêt.

Il n’est pas dans les intentions de vous forcer à quoi que se soit… Mais, si vous souhaitez suivre un enseignement, pour vous comme pour moi, ça serait des plus enrichissant. Nous aurions alors l’occasion de discuter sur des sujets plus en détails, de confronter nos points de vue, tout ça !

A mi-voix :
En plus y il a du vin là-bas

Suivre une pastorale serait l’idéal… mais cela implique d’étudier de longs textes et d’être assidu… l’expérience vous tenterait ?

Il écoutait Griffes lui parler d'enseignement, d'échange et de...Vin!!!
Il partit d'un grand sourire.

Ben, après tout, la connaissance ne m'empêchera pas d'avoir des convictions...

Mais j'aimerais savoir quelque chose quand même. C'est quoi vot' vin. Vot' pastorale pardon...

Sourire entendu


La pastorale est un enseignement long qui permet de connaitre les fondements de la morale d'Aristote, plusieurs sujets sont abordés comme le Sens de l'Être ou le Sens de la Vie. Il se compose en 4 volets puis un cinquième, tel un examen probatoire pour valider vos connaissances.
Il faut donc prendre connaissance des textes que vous proposerais et répondre à des questions.

Pour le reste, nous avons du Blanc de Bergerac et un petit cru qui, j'en suis convaincu deviendra grand... du Saint-Emilion, mais ce nom ne vous ira probablement rien.

Pour en revenir à la pastorale, la dernière personne ayant fini sa pastorale, dans votre paroisse, est Méli... Heu... Damoiselle Mélisandel pardon . Et cela de façon remarquable...

Il laissa Cmyrille réagir à cette proposition

Cmyrille réfléchissait activement. Du blanc... Pas super... Surtout que celui de la Loire est réputé alors que celui de Bergerac... Pis si c'était si long que ça la pastorale, ilo se verait obligé de boire pendant un moment du vin pas très aristotélique... Mais en même temps, il faisait complètement confiance aux hommes d'église sur un point, savoir ce qui était bon pour eux, et donc pour leurs invités. Il demanda:

C'est si long que ça votre pastorale?
Et faut vraiment lire tout pleins de trucs? Y'a pas une pastorale accélérée?

Messire Cmyrille, en fait, ça n’est pas si long, mais beaucoup se découragent… Ce qui est important n’est pas le temps mais la qualité de la compréhension que l’on peut avoir des textes. Par exemple, je dois avoir là un texte intéressant.

Il farfouilla dans son porte-parchemin et sortit un texte qu’il présenta à Cmyrille.

Voyez, ce texte, on le nomme le prêche de Neajdlaf. Lorsque les pastorales commencent, on le propose aux postulants au baptême… et on leur pose des questions simples qui sont sur le second parchemin.

Tenez, souhaiteriez en prendre connaissance ?

Griffes tendit les écrits.

Sur le premier parchemin, il y a écrit:

I - Le prêche de Neajdlaf

• Je vous demande de lire ce texte afin de comprendre déjà ce qu'est l'Eglise Aristotélicienne. Ce texte est bon à connaitre car il introduit avec humour et simplicité le dogme de notre Eglise.

Il y bien longtemps, je venais de dire ma messe dominicale, quand une foule, un peu bruyante pour ce lieu sacré, jeta au pied de l'autel un être aux yeux hagards et à la vêture des plus fantaisiste.
Mes villageois parlaient tous en même temps, mais, je finis par comprendre que, s’ils m’avaient amené cet étranger, c'est que pour eux il était possédé.
Il disait que c'était sa première connexion depuis son ordinateur et qu'il cherchait la Faq ou au moins un guide pour l'aider à démarrer.

M'approchant du pauvre hère, je me rendis immédiatement compte que c'était la première fois qu'il voyait un prêtre aristotélicien, ou du moins qu'il n'avait pas une bonne opinion d'eux.

- Bonjour mon enfant, je suis, Neajdlaf ,le curé de ce village,
Comment vous nomme-t-on ?

- L'on me nomme Newbie, contrairement à mon apparence je suis un elfe magicien, à la recherche de l'anneau des anciens
Un villageois m'interpela :
- Vous voyez bien mon père, il faut appeler l'Inquisition, ou les exorcistes, il est possédé que je vous dis.

- Du calme, mon fils, l'Inquisition a d'autres chats à fouetter, son but est de lutter contre les hérétiques reconnus et non pour brûler celui qui se perd un peu.
Je sais que certains annoncent à l'enfant qui ne mange pas ses légumes que la méchante Inquisition va venir les brûler mais ce n'est pas son but ici. Quant aux exorcistes, attendons de voir ce qu'il en est de notre ami.

Le vagabond, l'air toujours aussi perdu, cria :
Bon alors on m'explique ? Et qui peut me donner un peu de sa confiance ?

-Chaque chose en son temps mon fils. Pour vous prendre pour un elfe magicien vous devez réellement avoir eu un gros coup sur la tête. Alors écoutez l'histoire de nos royaumes.
"A l'origine du monde il n'y avait que Dieu immobile et plein d'amour, il a défini l'univers et accompli une série de miracles pour arriver à la création des animaux, des plantes et des humains. Donc soit vous êtes une plante, soit un animal, soit un humain.
Ensuite Dieu n'a laissé la parole qu'aux humains et à une créature sans nom qui tente de pervertir l'humanité.
Donc comme vous ne pouvez être cette créature qui n'a que la forme des ombres, vous ne pouvez être qu'humain.

-Ah oui, je vois mais, si je le veux, je peux être magicien quand même ? rétorqua l'étranger.

-Vous pouvez utiliser des tours pour divertir les foules mais aucun humain n'a de magie en lui. Certes, certains élus semblent bien avoir réalisé des choses prodigieuses, mais c'est grâce à leur foi en Dieu et non à une quelconque magie païenne.
- Bon admettons, mais Moïse ? Il a bien fait de la magie, non ? Hein ! Là je vous tiens non ?

- Je ne connais pas ce Moïse, j'ai bien lu des textes le concernant mais c'était des textes pour distraire les anciens, comme l'histoire de Noé et autres textes anciens qui circulent parfois.

- Bien ils sont dans la Bible non ?

- Pas dans celle de l'Eglise officielle des royaumes en tout cas. Je vais vous raconter notre histoire en quelques mots :

Dieu créa l'univers. Dans l'univers, Il créa le monde. Et Il peupla le monde de diverses espèces de créatures. Mais chaque espèce se croyait la préférée de Dieu, sauf l'espèce humaine, car elle connaissait le sens de la vie: l'amour. Dieu récompensa alors les humains en les nommant "Ses enfants". Mais les enfants de Dieu s'abandonnèrent au péché, encouragés par une des créatures ainsi rejetées par Dieu, a qui Il ne donna pas de nom. Dieu punit donc Ses enfants en détruisant leur cité, et ils s'éparpillèrent. N'ayant pas compris la punition, ils s'inventèrent des dieux multiples. Alors, Dieu, pour rappeler aux humains le sens de la vie, confia Son message à Aristote. Et ce message trouva sa perfection avec Christos (parfois nommé Jiésu Christos).

Le vagabond demanda alors s'il devait oublier tout ce qu'il connaissait.

Je tentai donc de lui répondre :
- Si ce que vous croyez connaître n'est pas directement lié à l'histoire des Royaumes et que vous désirez intégrer notre vérité historique, il y a sans doute beaucoup de chose à oublier oui.
Le plus simple est parfois de tout oublier et de remettre à jour ses connaissances par des textes validés du royaume. N'oubliez pas que vous n'êtes qu'un vagabond encore il faudra du temps pour vous instruire et devenir un érudit.

Notre religion porte le nom d'église Aristotélicienne et est de source Aristochrétienne, c'est à dire qu'elle s'inspire à la fois des écrits d'Aristote, des Royaumes et de Christo.
Son message est que pour se rapprocher de Dieu il faut se rapprocher du bonheur et trouver l'amitié aristotélicienne. Cette amitié n'est pas une amitié débridée mais une amitié respectant certaines règles dont le principal est qu'elle doit être désintéressée. Bien sûr, il y a différents type d'amitiés, mais vous trouverez ça dans nos bibliothèques où par vous même.
Il y a dans chaque village un maire qui s'occupe de politique et de la gestion de la ville et surtout de son commerce. Il y a aussi un curé qui, lui s'occupe de religion et de la gestion de la foi des paroissiens.
Le curé et le maire se doivent de collaborer au bien des citoyens et si l'un des deux juges que l'autre ne remplit pas sa mission, il peut intervenir pour tenter d'arranger les choses. C'est pour cela que certains maires s'occupent de religion et que certains clercs s'occupent de politique.
Au-dessus vous avez le comte pour la politique et l'évêque pour la religion, mais vous découvrirez tout ça par vous-même, sachez juste que les guides politiques sont choisis par les citoyens lors d'élection, alors que les guides religieux sont nommés et révoqués par la hiérarchie de l'Eglise. C'est pour ça que si le peuple veut élire son curé comme Maire c'est le choix du peuple, et la hiérarchie de l'église ne ferra que veiller à ce que le clerc continue principalement à guider les citoyens sans oublier sa responsabilité de clerc.

Le vagabond semblait avoir compris.
-Ah oui, je vois, c'est plus clair déjà, et pour le reste que dois-je faire ? Pour manger ? Pour gagner ma vie ?

- Cela, mon fils, est moins de mon domaine, mais voici une liste de documents qui vous aideront à trouver votre place.

Liste de la Bibliothèque

- Merci mon ami, je vais voir si je trouve ma voie, dit le vagabond en attrapant son sac et sa bourse. Je vais de ce pas prendre contact avec les villageois à la taverne pour leur montrer que je ne suis pas possédé... et qu'ils peuvent me donner leur confiance.

Je souriais en le voyant partir, et je lui criai :
-N'hésitez pas à me contacter en cas de besoin.

J'ai appris plus tard que le vagabond était devenu un grand seigneur et que s'il n'avait pas rejoint l'église aristotélicienne au moins il n'avait pas d'idée préconçue sur elle et ne se laissait pas raconter n'importe quoi.
Il faisait ses choix en connaissance de cause et non pour faire plaisir aux chimères de Hyérel.

926 ap JC, tiré des mémoires d'un curé de campagne par Neajdlaf

Sur le second parchemin, il y a écrit:

• Répondez aux questions suivantes en rédigeant :

1 ) Qui est Neajdalf ? A quelle époque écrit-il ?
2 ) Pourquoi les villageois s'adressent à Neajdalf plutôt qu'à quelqu'un d'autre ?
3 ) Que reprochent les villageois au vagabond ?
4 ) Quel est le rôle de l'Inquisition d'après les villageois ? Et d'après Neajdalf ?
5 ) Quel est le rôle de la Créature sans nom ?
6 ) Qu'est-ce que la Bible d'après le vagabond ? A-t-il raison et pourquoi ?
7 ) Qu'est-ce qui différencie les hommes des autres espèces vivantes ?
8 ) Pourquoi Dieu punit-il les Hommes ?
9 ) De quoi s'inspire la religion aristotélicienne ? Quel est son message principal ?
10 ) Que nous prouve ce texte ?

Merci messire,
désolée de vous avoir dérangé.
Je vous souhaite une bonne journée.

Cmyrille devisait avec Griffes lorsqu'une demoiselle égarée au sens propre vint à eux. Griffes lui indiqua où se rendre. Il remarqua sans doute aussi que Cmyrille avait perdu le fil de la conversation et en profita pour lui glisser un parchemin sous le nez en lui indiquant que faire. Amusé de s'être fait avoir aussi facilement, il jeta un oeil au texte et aux questions.

Donc c'est la première leçon hein?
Je lis et je répond. Et si j'ai juste j'ai droit à un verre? Ou alors je gagne juste le droit de rejouer avec un autre texte?

Il sourit et commença la lecture. Puis répondit:

Et bien, après avoir lu la petite histoire de Neadjlaf, un nom qui me dit vaguement quelque chose d'ailleurs, et en regardant la forme du texte, je dirais qu'il était homme d'Eglise et qu'il a compilé les mémoires de certains de ses collègues prêtres. Mais au vu des questions qui suivent, j'ai l'impression que ce texte vient de sa propre expérience et que lui même était prêtre. Du coup, dès le premier texte et la première question, on est dans le flou, mais bon, reprenons.
Les villageois s'adressent à lui car ils sont face à un personnage qu'ils ne comprennent pas et qui lui même ne les comprend pas. Ils font donc confiance à leur prètre pour y apporter sa clairvoyance et déméler le quiproquo.
Les villageois pensant que le personnage faisant irruption chez eux tient les propos sinon d'un dément, au moins d'un hérétique et veulent que l'Inquisition s'occuppe de cette personne pour la "redresser", qu'il arrête de tenir ces propos. Ce à quoi rétorque Neadjlaf que ce n'est pas le rôle de l'inquisition de traiter ce genre de cas. Ils existent pour châtier les aristotéliciens qui retournent leur veste et le clame haut et fort.

Ensuite, concernant la créature sans nom, son rôle serait de pervertir l'humanité. De la dévier de ce qui fait qu'elle est l'humanité, à savoir l'amour. Humanité qui finit par être punie car elle s'est laissée faire par la créature sans nom et a trop péché.

Et puis pour l'égaré, la bible recueuille les textes qui raconte l'histoire de la religion et du message du Créateur. Ce en quoi il n'a pas tord mais il pense que ces textes sont ceux que racontent les vieux lors des soirées d'hiver pour amuser les enfants, Moïse et compagnie,...
Quant au message de l'Eglise, c'est celui du créateur, transmis par la parole de Christos et les écrits d'Aristote, qui dit qu'il faut faire son possible pour être heureux ensembles.
Et du coup, ce texte nous prouve que ce prêtre était assez sage pour aider la personne qui semblait perdue et ramener ses villageois dans la raison. Il était plutôt digne de leur confiance sur ce passage.

Sa tirade terminée, Cmyrille regarda Griffes avec un grand sourire.

Ca va m'amuser votre truc. Ca ressemble à débattre sur le bien fondé d'une réforme économique mais avec des histoires.

Par contre... Ca donne aussi soif!

Vous disiez à juste titre que la créature sans nom avait pour rôle de pervertir l'humanité... Mais la créature sans nom est Création du Très-Haut... donc "bonne" par essence ! Qu'en concluez-vous ?

J'en conclue que c'est bien le genre de questions à la con auxquelles je m'attendais... Sauf vot' respect mon bon Comte.

S'ensuit une longue période de réflexionnement intérieur du dedans de lui-même d'où sort une réponse tout aussi "à la con" que la question.

Tout est une question d'équilibre non?
Si les créatures du Très haut sont bonnes par nature, alors l'équilibre n'est pas respecté. C'est ce besoin d'équilibre qui a amené la Créature sans Nom a devenir ce qu'elle est.
Et le libre arbitre lui a permis d'éxercer son pouvoir sur l'humanité. Car ce sont les choix que nous faisons qui nous rendent bons ou mauvais.

Ce disant, il jeta un coup d'oeil au verre d'eau et le dénigra superbement.